Ecrivez des dialogues qui tiennent la route

Comment créer de bons dialogues ? Pas si évident de trouver un juste équilibre, pour qu’ils trouvent place naturellement au milieu de votre récit. Dans quel cas les utiliser ? Comment rendre votre histoire également plus vivante, sans tomber dans la banalité ou la niaiserie ? Et comment utiliser les tirets ou les guillemets ?

Réponse tout de suite dans cet article !

L’utilité des dialogues dans un récit

Les dialogues ne sont pas là par hasard. En effet, ils sont toujours là dans le but d’apporter des précisions sur la personnalité des personnages, leur ressenti ou encore, donner des indications sur les intrigues principales ou secondaires. Parfois, le lecteur sait des choses par le biais de la narration, avant que les personnages ne l’apprennent. Ils peuvent donc en être informés grâce aux dialogues. Cela peut être en direct, ou parce qu’ils ont surpris une conversation par hasard (ou en écoutant aux portes). Ces paroles vont alors changer la tournure des événements.

Mais avant tout, les dialogues servent à rendre le récit plus vivant, à créer une connexion avec le lecteur.

Au milieu de scènes d’action, les dialogues peuvent servir à ralentir le rythme, marquer une pause pendant laquelle les personnages vont analyser la situation, ou vont exprimer des sentiments.

Au milieu des descriptions / de la narration, quand on a encore des choses importantes à dire, mais que cela devient long et indigeste à lire pour le lecteur, cela permet d’ajouter d’autres informations, tout en donnant un aspect de légèreté au texte. Du coup, cela permet, au contraire, d’accélérer le rythme, et de rendre l’histoire plus fluide.

Par contre, ne mettez des dialogues que si vous sentez que ce serait mieux que des descriptions. Ne les utilisez pas simplement pour faire beau, si vous n’avez rien à dire. Ce serait juste artificiel.

Comment construire des dialogues : la forme

Les dialogues s’écrivent toujours avec des tirets cadratins, c’est-à-dire, des tirets un peu plus longs que le trait d’union. Vous pouvez les faire grâce à la touche alt + 0151 sur le pavé numérique. Par ailleurs, la première phrase d’une même réplique doit être décalée avec un alinéa (5 à 10mm de la marge). S’il y a plusieurs phrases, les suivantes seront à la ligne. Ainsi, cela permet de visualiser quand ce n’est plus la même personne qui parle. La phrase qui précède le dialogue contient parfois le signe « deux-points ».

Exemple :

L’homme ouvrit la porte :

     — Bonjour monsieur, dit Joël en entrant.
     — Allez vous asseoir immédiatement à votre place !
     — Désolé pour l’heure, j’ai raté mon bus et le suivant n’arrivait pas avant 10h. Finalement, il n’est pas passé. Je resterai plus tard ce soir pour terminer, s’il le faut. 

Parfois, on encadre ces dialogues, en plus, par des guillemets. C’est de moins en moins utilisé aujourd’hui, car ils sont plutôt utilisés pour des citations. Toutefois, si vous les mettez, la première ligne ne contient pas de tiret. Il y a un espace entre les guillemets et un mot. Les guillemets ne se mettent pas à chaque fin de réplique, mais à chaque fin d’un dialogue complet.

L’homme ouvrit la porte :

     « Bonjour monsieur, dit Joël en entrant.
     — Allez vous asseoir !
     — Désolé pour l’heure […] Je resterai plus tard, s’il le faut. »

Si une incise (que l’on verra après) avait terminé le dialogue, on aurait pu fermer le guillemet avant.

[…] je resterai plus tard s’il le faut », ajouta-t-il.

Si la narration sépare deux dialogues, on ouvre et referme alors les guillemets :

     « Bonjour monsieur, dit Joël en entrant.
     — Allez vous asseoir ! »
L’homme s’exécuta, avant d’ajouter : (narration)
     « Désolé pour l’heure […] . »

Comment écrire des dialogues avec des incises

Les incises sont un peu l’équivalent des didascalies dans une pièce de théâtre ou dans un scénario, c’est-à dire des précisions des actions ou des émotions des personnages. Le verbe se place avant le sujet. Par exemple : « dit-il» et «affirma-t-elle ». D’ailleurs, dans cette phrase, vous avez peut-être remarqué le « t » entre des tirets. On doit l’ajouter s’il n’y en a pas déjà un dans la conjugaison. On appelle cela un « t » euphonique.

Par ailleurs, si une incise coupe une phrase en deux, il faut qu’il y ait une ponctuation de chaque côté de celle-ci. Par exemple deux virgules, ou, comme dans la phrase ci-dessous, un point d’exclamation et une virgule. L’incise commence toujours par une lettre en minuscule.

« J’ai faim ! dit-il en ouvrant le placard de la cuisine, pour y chercher des céréales, je vais prendre du sucre avec ».
« Moi aussi, répondit-elle tandis qu’elle lui tendait un tabouret pour attraper le sucre, il est dans le placard du haut ».

Vous avouerez que ça fait bizarre de couper les dialogues ainsi à tout va par des actions. On dirait deux robots qui parlent entre eux. « Moi vouloir du sucre » « d’accord, toi prendre tabouret d’abord ».

De manière générale, utilisez les incises avec parcimonie. Trop de répétitions ou de précisions sont ennuyeuses pour votre lecteur, en même temps qu’elles cassent le rythme. Vous ne devez pas non plus répéter ce que les actions ou les descriptions ont déjà montré : faites un choix, c’est l’un ou l’autre. Trouvez un juste milieu.

Le langage direct

Le langage dans un dialogue est au discours direct. Et bien sûr, la personne parle en son nom quand elle s’exprime (sauf si, bien sûr, elle parle d’elle-même à la 3ème personne, comme Gollum dans le Seigneur des Anneaux). Le langage peut alors être moins rigoureux que pour la narration. D’ailleurs, vous avez le droit d’utiliser un langage familier ou même argotique si vous le souhaitez.

Vous pouvez aussi utiliser les majuscules pour indiquer qu’un personnage crie, insister sur la ponctuation, avec des questions et des affirmations. Des points de suspension pourront indiquer des hésitations ou la peur.

Vous pouvez également utiliser des interjections, telles que des onomatopées « aïe ! oh ! zut !… », qui sont d’ailleurs très utilisées dans les bandes dessinées, pour accentuer l’action, ou encore des emprunts lexicaux « bye bye, ok… » etc.

Or, si vous utilisez des incises (vues juste avant), n’utilisez pas toujours le mot « dire », mais variez selon le contexte. Par exemple, raconter, exprimer, confier, rétorquer, souligner, argumenter, commenter, s’insurger, plaisanter etc… En effet, ce ne sont pas les mots qui manquent. Encore une fois, le dictionnaire des synonymes sera votre meilleur ami.

Le langage indirect

On parle de langage indirect lorsqu’un dialogue est transformé en narration. Le personnage parle, mais c’est le narrateur qui l’indique. Cela permet de varier ainsi la forme du récit. Pour dévoiler ses pensées, par exemple, ses interrogations, si le point de vue narratif le permet. Le narrateur ne pourra pas, par contre, dévoiler d’autres points de vue que le sien, si on est dans un récit avec un point de vue interne (le narrateur = le héros). Attention à ne pas en dire trop non plus, si vous voulez conserver un peu de mystère.


Pour transformer un discours direct en discours indirect, il faut alors faire attention au respect du temps.

Par exemple, si un personnage dit :
« J’attrape la boîte de céréales ». Cela donnerait en discours indirect « Il dit qu’il est en train d’attraper la boîte de céréales » (récit au présent), ou « il disait qu’il était en train d’attraper la boîte de céréales » (récit au passé).

Ou bien, si un personnage indique :

« j’ai attrapé la boîte de céréales ». Cela donnerait « il dit qu’il a attrapé la boîte de céréales » (récit au présent), ou « il disait qu’il avait attrapé la boîte de céréales (récit au passé).

Etc…

Pour vous aider, mettez donc un indicateur de temps dans votre phrase « aujourd’hui, demain, hier… »

D’ailleurs, si les temps à utiliser ne sont pas clairs pour vous, je vous recommande de lire mon article sur le récit narratif : https://www.ficellesdauteur.fr/recit-narratif/

Pourquoi écrire des dialogues originaux mais naturels

De bons dialogues doivent être inattendus et paraître naturels, sans pour autant refléter la réalité. C’est là toute la subtilité.

En effet, des évidences donnent au lecteur une impression d’être pris pour un enfant de 5 ans, à qui on explique les choses, au cas où il n’aurait pas compris leur signification. Évitez de tomber dans la niaiserie.

De même, répéter le nom des personnages plusieurs fois dans une conversation n’est pas naturel, car le lecteur comprend très bien que c’est à son attention. On peut les utiliser quand un personnage arrive ou si quelqu’un l’interpelle parce qu’il ne lui parlait pas encore ou n’était pas à côté. Mais c’est ridicule si des personnes discutent depuis un bon moment.

Imaginez deux amies dans un bar :

      « Tu comprends, Cynthia, j’ai été obligée de lui avouer la vérité.
     — Oui, Marina, je sais, tu n’avais pas le choix ».

On a l’impression d’être dans une vieille sitcom. Pourquoi insister lourdement à redonner leur prénom pendant toute la conversation ? C’est une nouvelle méthode pour draguer ou bien pour avoir des followers sur Youtube ?

On évitera aussi des phrases bateau du type « comment ça va ? » « bien et toi ? »… à moins que ce ne soit vraiment utile dans l’histoire. Ca peut être le cas, par exemple, si un personnage doit occuper quelqu’un, pendant que son complice commet un méfait (vol, entrée par effraction ou autre). Dans ce cas, ce sera justifié de montrer qu’il raconte sa vie et des banalités à la réception de l’immeuble pendant 3h, pour gagner du temps.


En conclusion

Utilisez les dialogues uniquement si nécessaire, pour ralentir ou accélérer le rythme de votre histoire.

Faites des tests en transformant une partie d’un récit, qui est complètement narrative, pour voir quelle influence cela peut avoir sur le rendu. Utilisez les incises pour préciser les actions, uniquement si elles sont utiles.

Une autre idée : prenez un passage de sitcom aux dialogues inintéressants. Transformez ces dialogues en une discussion profonde, sur le thème central dont il est question apparemment. Ou s’il n’y a pas de but précis,  montrez l’émotion qu’il y a entre ces personnes : amitié, amour, haine ? 

N’oubliez pas la ponctuation, pour que cela devienne un automatisme. A vous de jouer !

Qu’est-ce qu’un bon dialogue pour vous ? Un exemple dans la littérature ou au cinéma ? Je vous invite à répondre à cette question en commentaires.

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